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Et la tête du monsieur elle fait SPLASH ! (les films d'Horreur)Le Grill a aimé avec réserves

Unfriended

@SouviensToi_LEteDernier

Unfriended, aussi appelé Décopinage au Québec (ou pas) est le nouveau film produit par Jason Blum. Pour les non-initiés (mais ne vous inquiétez pas on l’a tous été un jour même si pour certains ça veut juste dire qu’ils sont ralentis du bulbe, bref je m’égare) c’est le producteur d’une dizaine de films par an, majoritairement dans le genre horrifique à petit budget qui représentent souvent le fond du tonneau du genre. Par exemple ces deux sorties les plus récentes c’est Ouija (que l’on aurait noté « rend-moi le prix du ticket/20 » si j’avais eu la foi de faire un article dessus) et Jessabelle. Bon pour être social avec Blum (gag, Léon Blum, socialisme….) il a quand même produit Whiplash (ce qui a un niveau d’improbabilité tel que je penche pour l’homonymie ou l’erreur de sa secrétaire qui a envoyé le chèque à Chazelle) et Lord of Salem de Rob Zombie qui a été mon crush de 2012. Conjuring : les dossiers Warren ? Non c’est pas de lui, c’est peut-être pour ça qu’il est bien.

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Cette image n’est pas de moi mais je la trouve géniale, à quand un remake de Ring avec le fantôme Snapshat ?

Alors Unfriended : un an jour pour jour après le suicide d’une lycéenne suite à la diffusion d’une vidéo humiliante d’elle sur internet, six de ses amis se font charcuter les uns après les autres.

Mais ! Attention originalité ultime : tout se passe le temps d’une conversation skype entre les six protagonistes. Respectivement l’héroïne brune caucasienne de base, son copain, le bro de son copain, un gros geek, et non pas une, non pas deux, ah bah si deux en fait… deux clichés de la blonde de service parfaitement interchangeable entre elles.

Donc le film tout entier est une grosse capture d’écran du mac de l’héroïne (pas un grand noir avec un costume violet et un chapeau à plumes dans une Cadillac suspension west-coast qui se fait appeler Lil Mac Daddy, non là je parle de l’ordinateur portable). Le méchant esprit vengeur va donc tour à tour utiliser skype, facebook, spotify (l’utilisation de la musique, anecdotique, est néanmoins géniale), youtube pour monter les uns contre les autres nos joyeux drilles avant de les éclater contre un peu tout avec une certaine imagination. Oui parce que malgré que ce soit sur skype et que l’écran soit divisé en six, Unfriended assume sa dose de gore et bordel c’est un peu débile mais ça fait du bien ! Mon principal reproche à American Nightmare 2 (le Blum de l’été dernier) était sa retenue extrême côté charcuterie, ici l’écueil est évité et même si on atteint parfois le Grand-Guignol au moins c’est un film qui tache.

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Pourquoi faire une affiche originale quand on peut faire quelque chose de cliché et oubliable ?

Je n’ai pas été très clair jusque-là, mais j’ai bien aimé Unfriended. Son concept qui n’est pas tout à fait du found footage (littéralement « enregistrement trouvé », comme Rec ou Blair Witch Project où l’on regarde les images tournés par les héros du film pour plus d’immersion) ni tout à fait un slasher (ou un monstre/psychopathe/communiste masqué tue ses victimes les unes après les autres dans un esprit de vengeance ou juste pour se faire un nouvel abat-jour en cuir) a le mérite d’être exploité à fond. Son format court, 1h23, me faisait craindre un essoufflement du concept en 15 minutes mais il n’en est rien. On peut chipoter quand on voit des grandissements automatiques des écrans les plus intéressants, de même que la gestion du son qui ne correspond à rien d’un point de vue logiciel ou un fichier de 990ko se charger en 15 secondes pour faire augmenter la tension quand un de 1,6 mb se charge immédiatement, mais cette idée d’esprit frappeur prenant le contrôle des réseaux sociaux est à la fois originale est bien exploité à travers la forme de la capture d’écran cohérente jusqu’à la dernière seconde du film.

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L’affiche US, bien sympa mais comme il fallait lire on l’a pas en France, c’est compliqué la lecture

J’aime voir cette idée comme une évolution logique dans l’histoire des films d’horreur. Avec l’explosion des magnétoscopes dans les années 90, on a eu Ring et sa cassette vidéo maudite, le succès des téléphones portables a donné la mort en ligne de Takashi Miike et son numéro inconnu tueur, youtube a accouché d’Intraçable, une série B moyenne inspirée de Saw où la victime est filmée en live Stream et plus de personnes regarderont son exécution, plus elle sera rapide et violente. Un bel historique (si on oublie tous les films tentant d’allier jeu vidéo et horreur…) qui prouve que les scénaristes cherchent à chaque fois à ancrer la peur dans notre routine quotidienne. Et quoi de mieux que de voir un espace que l’on pense sous notre maîtrise comme notre page facebook pour le retourner contre nous. Si des tâtonnements avaient déjà eu lieu, Unfiended est le premier film à se baser sur ce seul concept, du coup il n’a couté que 1,5 million de $_$, ce qui est vraiment peu même pour une production de ce genre. J’aime voir ce fantôme tueur qui balance des photos compromettantes comme une métaphore de la paranoïa autour du contrôle de notre vie privée en ligne.

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Ah oui, il y a un peu de texte à déchiffrer vu que les protagonistes ne lisent pas à voix haute comme dans tous les films d’horreur afin de faciliter la traduction… mais c’est une bonne idée en fait ! 

Attention ! Oh toi lecteur sous tes grosses lunettes à monture épaisse, n’enfourche pas ton vélocipède vintage en espérant voir au cinéma une fine critique de la société de consommation. Ça reste le film d’horreur gentillet de l’été qui ne pisse pas bien loin entièrement conçu et destiné à son public de boutonneux de 14 à 25 ans (d’ailleurs c’est le film idéal pour conclure, si si). Le scénario est retors d’autant plus qu’il repose sur la déconstruction du groupe de gentils amis tout sympa qui vont se révéler être de véritables petits vicelards prêts à tous les coups bas pour un peu d’attention en société, ou leur survie plus simplement ; mais le film reste imparfait. La faute au méchant omniscient, omnipotent et implacable qui se révèle une machine à botter des culs tellement cheatée que l’on va juste attendre qu’il joue à docteur maboul avec les organes de nos protagonistes, et surtout au concept de capture d’écran qui, au cinéma sur grand écran, est beaucoup moins percutant que sur… ben… un véritable écran ! Installer une tension sur des glitchs, un rafraîchissement de page ou sur clic droit -> vider la corbeille (il y a un clic droit sur mac ?) est bien plus percutant sur un véritable ordinateur. Je prédis à Unfriended un meilleur impact sur Netflix qu’en Imax, ne serait-ce que pour la bande sonore à base de micro saturé et de notification Facebook qui a autant d’intérêt en 5 :1 que Passepartout en a pour un sélectionneur de la NBA.

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A la base le film devait s’appeler Cybernatural… Je ne sais pas qui a changé ça mais merci m(_ _)m

Unfriended c’est sympa, ça remplit son contrat en tant que serie B d’horreur pas prise de tête en se payant en plus le luxe de reposer sur un concept intéressant exploité à 100% de même que sur un scénario qui offre de sacré moments d’humour noir. C’est pas le film du siècle, c’est plus musclé qu’un paranormal activity (mais moins que Rec 1 ou 2 quand même) et je pense qu’entre potes il passera aussi bien que le litron de pastis qui m’a permis d’écrire cet article.

Unfriended

  • Est
  • N'est pas
  • Original dans sa forme
  • Sans facilité scénaristique, la surpuissance du tueur peine à colmater tous les raccourcis pris
  • Maitrisé dans son format court, il évite l’ennui et les temps morts sont rares
  • Mal joués, bien que les personnages soient tous détestables à différents degrés, ils sont crédibles
  • Doté d’une morale qui serait quelque chose comme : il ne faut pas se moquer des gens sur internet derrière un pseudo. Mouais.
  • Particulièrement abouti dans ses idées, pour une grosse réflexion sur les dangers d’étaler sa vie privée en ligne on repassera
  • Gore, BORDEL UN FILM D’HORREUR GORE, MAMAN CA FAISAIT SI LONGTEMPS
  • Pour un public qui n’est pas familier de ce milieu-là, la cible c’est la « génération Facebook » pas ceux qui ont toujours un compte copain d’avant en activité
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