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Festival de CannesLe Grill a aimé avec réserves

Wildlife : Une Saison Ardente

Un homme sous influence

Très belle carrière que celle de Paul Dano, révélé par Long Island Expressway en 2002 puis propulsé par Little Miss Sunshine en 2006. Sa filmographie est tout simplement délirante (12 years a slave, Youth, Prisoners, Love & Mercy) et passe allègrement de la grosse machine hollywoodienne comme Cowboys & Envahisseurs au projet indé perché façon Swiss Army Man. S’il prend désormais la casquette de réalisateur avec Wildlife, difficile de ne pas remarquer qu’il est nourri de ses expériences passées, des cinéastes qu’il a côtoyés.

Présenté en ouverture de la semaine de la Critique (qui a décernée son grand prix à Diamantino), le film était en compétition pour la Caméra d’or, la récompense décernée au meilleur premier film. Finalement le prix a été donné à Girl, et c’est pas plus mal car c’est quand même d’un autre niveau.

En clair, vous vous rappelez de Ryan Gosling qui faisait du sous-Refn avec Lost River ou Clooney du sous-Coen avec Bienvenue à Suburbicon ? Avec Wildlife, Dano reprend quand même beaucoup de gimmicks de Paul Thomas Anderson (There Will Be Blood, pas dernier dans la liste de ses meilleurs films), et s’il y a largement pire comme modèle, difficile pour Wildlife de vraiment briller par lui-même.

Wildlife est l’adaptation d’un livre court éponyme de l’américain Richard Ford, il a été qualifié de « Babillement sentencieux » par le New York Times.
Aïe.

On suit Joe, 14 ans, joué par Ed Oxenbould (l’un des gamins de The Visit), typiquement le genre de personnage que Paul Dano aurait incarné lui-même s’il n’avait pas 34 ans tellement il est dans la même veine que ses premiers rôles. Après avoir déménagé dans un petit village du Montana propret comme une image d’Épinal pour le travail du père de Joe, un Jake Gyllenhaal en colérique déphasé, malheureusement rien ne change si ce n’est son mariage avec Carey Mulligan, castée dans le rôle d’une femme déçue partagée entre raison et passion comme dans 80% de sa filmographie (Drive, Gatsby, Une éducation, Inside Llewyn Davis). Au moins niveau distribution, Dano a visé la sécurité, s’ils sont excellents, ils jouent clairement à domicile : on a demandé à Mulligan de faire du Mulligan et a Gyllenhaal de faire du Gyllenhaal.

Je suis assez persuadé que l’on peut établir un parallèle entre Joe qui découvre puis se passionne pour la photographie et Paul Dano qui devient réalisateur.

Ce décor en place, Paul Dano filme avec soin dans de long plans avec emphase, presque mélancolique, le déchirement de ce couple le temps de l’été marquant le passage à l’âge adulte de Joe qui découvre que les grandes personnes aussi ont des failles. Comme dans le livre – je suppose – la séparation a l’allure d’un objet en métal trop rouillée par le temps que l’on observe au moment où il se brise, mis en parallèle avec les feux de forêts qui dévorent la région autrement très calme, avec une opposition riches rentiers/pauvres ouvriers, petit village dans une époque où l’on cherche à aller sur la lune… Le problème c’est qu’il est loin d’être le premier à s’intéresser au thème « l’Amérique c’était mieux avant mais pas tant que ça en fait » et Wildlife se casse les dents à peu près pour les mêmes raisons qu’American Pastoral.

Bien fait ? Assurément, mais pas une once d’originalité là-dedans, le ton monocorde et le déroulé attendu ne transcendent jamais ce drame ultra-classique qui voudrait être The Master. Somme toute, Wildlife a de grande qualité visuelles et des acteurs solides malgré une écriture plate aux ficelles usées, mais difficile de follement se réjouir quand on garde l’impression en sortant de la salle que des films comme ça, il y en a au moins dix par an depuis un demi-siècle.

Wildlife : Une Saison Ardente

  • Est
  • N'est pas
  • Est un drame américain classique et efficace
  • Pas vraiment mémorable, il présente une situation peu originale
  • Un casting brillant dans des rôles attendus
  • Pas joyeux, il lui manque le grain qu'ont beaucoup des films de Paul Dano acteur
  • Bien filmé, la réalisation est soignée
  • Pas le scénario de l'année, il accumule archétype et poncifs
  • Il est souvent juste dans ce qu'il raconte
  • Rappelle PTA en moins bon dans les thèmes et le style
there will be blues / 20