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AnimationLe Grill a aimé avec réserves

Your Name

C’est beau, je comprends pas tout mais c’est beau

Your Name par son exploitation en salles et sa réception par la presse française confirme une tendance au plébiscite du moindre bout d’animation nippon un peu élevé. Histoire pour Jean Michel Pigiste de pas paraître ringard en se risquant à dire du mal d’un truc qu’il a compris à moitié, pour une fois. Oui, Your Name est surcoté, non, il loin d’être mauvais.

Cinematogrill your name film sortie affiche

Le début m’a rappelé celui de Birdman, sinon l’affiche annonce l’ambiance 100% anime Japonais, le fait que le film ait une bonne distribution et un bon démarrage couronne en quelque sorte la reconnaissance d’un véritable public pour ce cinéma. 

Deux jeunes gens qui intervertissent leurs corps par exemple ce n’est pas une réflexion issue du “cinéma total, transgenre et transcendantal” comme l’écrit sobrement Première mais un trope, un cliché présents dans pas mal d’anime et de manga. De même pour la jeune prêtresse, l’opposition village tradi et moderne Tokyo, la question de la famille monoparentale, le fil rouge entre deux personnes, l’omniprésence du portable, etc.

Une fois séparé de la tambouille de figures récurrentes, il reste à Your Name le mérite de proposer une animation de haute volée (on a quand même le directeur de l’animation de Chihiro aux commandes) avec une utilisation quasi parfaite de modèles 3D pour compléter un dessin plus traditionnel (même si numérique + dessin = superpositions parfois foireuses), un récit de passage à l’âge adulte teinté de fantaisie entre poncifs du genre et vraies bonnes idées pour un déroulé en plus ou moins quatre actes nous réservant de sacrés virages à 180 degrés.

Cinematogrill your name film sortie japon

La vision très carte postale du Japon plaît autant qu’elle agace, un peu de demi-mesure n’aurait pas fait de mal même si c’est pas le propos. 

Non vraiment, il n’y aurait pas eu trois happy endings successifs pour bien ancrer que c’est tout beau tout rose que j’aurais pu aimer Your Name sans réserve. Ça, les immenses bouts de scénario sorti d’un chapeau direction poubelle au détour d’une scène (on en parle de la mémé et des femmes de la famille ?) ou l’excuse “ça fonctionne comme dans un rêve” pour sortir le trébuchet lance violon à la moindre occasion en passant par le générique de début qui spoile TOUT le film à la 3ème minute ou encore les clips de j-pop oubliables apparaissant çà et là.

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Cliché n°183, le héros est toujours à trois rang du fond de la classe près d’une fenêtre. Sinon le film a été le plus gros succès de 2016 au Japon, par contre le meilleur démarrage de l’année est Resident Evil : Chapitre Final…

Malgré tout j’ai sincèrement passé un bon moment, moins bon que la baffe le garçon et la bête de l’an passé mais largement meilleur que les précédentes réalisations de Makoto Shinkai qui tiraient trop sur le mélo naïf (5 centimètres par seconde pour ne citer que toi). L’approche littéraire -un livre a été écrit en même temps et en complément par le réalisateur- se sent, il y a de l’ADN d’1Q84 dans ce récit d’un amour impossible et c’est cet équilibre, certes bancal, qui fait de Your Name une bonne pioche à son public de curieux tout comme d’aficionados.

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La mémé est un symptôme du bullshit onirico-metaphysique qui anime la seconde partie du film, montée en puissance accompagnée d’une exacerbation des défauts. À force de bouffer à tous les râteliers on frôle l’écœurement même si se contenter de suivre en hochant la tête n’est pas trop désagréable.

Alerte spoiler : d’Akira à Summer Wars, Your Name porte la marque souvent présente de la catastrophe absolue, décalque par le prisme de la fiction d’un Hiroshima ou Fukushima, reste qu’une fois de plus je reste perplexe du sens de la mesure, où son absence plutôt, que cela prend. J’imagine bien une transposition à la française, du genre comment je me suis disputé ma vie sexuelle avec une météorite géante.

Your Name

  • Est
  • N'est pas
  • Un film d’animation japonais embarquant tous les codes du genre
  • Intéressant pour ses clips de J-pop donnant envie de jouer au rodéo sur un requin blanc, histoire d’en finir vite
  • Animé par les meilleurs, on est proche de la perfection sur le plan technique
  • Parfaitement cohérent avec lui-même, mieux vaut éviter de trop se pencher sur le scénario, ça pique
  • Didactique au début, plus décousu ensuite et mielleux tout le reste
  • Mauvais mais juste pas assez bon que pour crier au génie
  • Une histoire d’amour impossible, comme tous ses précédents films mais en mieux rythmé et avec plus d’idées
  • Un reflet réaliste du Japon, on tape dans la carte postale de luxe
Sur le fil du très bon / 20