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Le Grill a aimé avec réserves

Le 15h17 Pour Paris

Le film de Clint Eastwood retrace le destin de trois hommes qui, un soir d’été 2015, vont déjouer une attaque terroriste à bord du Thalys 9364 à destination de Paris.

Après American Sniper (2015) et Sully (2016), Clint Eastwood s’intéresse à un autre récit héroïque survenu ici en France le 21 Août 2015. « Un exploit non seulement exceptionnel mais aussi bénéfique pour la société » confie le réalisateur.

Anthony Sadler, Alek Skarlatos et Spencer Stone ; les trois héros et auteurs du livre ; The 15:17 to Paris: The True Story of a Terrorist, a Train, and Three American Heroes (en collaboration avec Jeffrey E. Stern) reprennent ici dans cette adaptation leurs rôles respectifs. De l’enfance à la vie adulte, Eastwood nous décrit les personnalités des trois touristes américains qui ont réussis à neutraliser le terroriste Ayoub El Khazzani. Avant eux, deux autres passagers du train avaient tenté de désarmer l’individu. L’un d’eux, Mark Moogalian, s’est même fait tirer dessus au pistolet après avoir arraché l’AK-47 des mains du tueur. Seul Spencer Stone se retrouvera blessé à l’arme blanche.

Eastwood filme sur les lieux de l’action ; Atlanta, Sacramento, Amsterdam puis Paris et Arras. La location de sillons par la SNCF a permis de faire circuler librement le train d’un point à un autre sans perturbations. Cette pointe d’authenticité sert grandement le film. Mais certains passages se déroulant à Rome et à Venise sont des gros points faibles tant la mise en scène est tout sauf cinématographique. Serait-ce une tâche confiée à la seconde équipe ? Une bonne partie du film s’est faite sur des improvisations, voilà peut-être la raison de cet aspect un peu bâclé à ce moment de l’histoire.

Bien que non-professionnels, les trois héros américains sont parfaitement crédibles à l’écran, la complicité est palpable, l’alchimie est bien réelle. L’opportunité de réunir les authentiques témoins et de les faire participer est un vrai point positif. « Je pense que le plus difficile pour un acteur, c’est de jouer son propre rôle » explique Eastwood. « Il est plus facile de se dissimuler derrière un personnage » ajoute t-il. Néanmoins, les trois soldats parviennent à faire comprendre aux spectateurs ce qu’ils avaient ressenti mieux que quiconque à cet instant déterminant.

Eastwood filme les évènements du train comme s’il avait été témoin de l’histoire. L’étroitesse des couloirs, la précipitation des passagers et l’urgence de la situation ne fait qu’accroitre cette tension qui devient de plus en plus oppressante au fur et à mesure que le film avance. La première partie s’intéresse à la jeunesse de ces trois amis et montre à quel point ils ont été conditionnés par le système américain. Plusieurs critiques affirment qu’Eastwood en a fait un film de propagande sur l’armée, l’héroïsme américain, la religion etc. C’est au contraire tout l’inverse qui est montré à l’écran pour celui qui cherche un peu plus loin et creuse les idées proposées. C’est un film axé sur le destin, l’importance de croire en ses idéaux et la confiance envers ses amis. L’action se déroulant à bord du train est une application de toutes ces idées.

Deux références amusantes à la filmographie d’Eastwood se cachent dans le film ; une affiche de Lettres d’Iwo-Jima est accrochée dans la chambre de Spencer Stone quand il était gosse et Anthony Sadler porte un T-Shirt à l’effigie de Clint dans Pale Rider.

La réalisation est toute en sobriété, d’une précision extrême, très juste sauf la partie tourisme en Italie comme indiqué plus haut. Alors oui, Le 15h17 Pour Paris peut-être qualifié de mineur dans la filmographie de Clint Eastwood, l’intensité émotionnelle n’est pas équivalente à ses précédentes réalisations (je pense à Mystic River, Million Dollar Baby ou Gran Torino pour ne citer qu’eux) mais le message qu’il a voulu faire passer à travers son film est parfaitement loyal, humain et d’une grande sincérité. C’est un bel hommage à ces hommes ordinaires qui ont eu la conscience ou l’inconscience d’agir à un moment déterminant, sauvant ainsi des centaines de personnes.