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Festival de CannesLe Grill a aimé avec réserves

In the fade

In the scénario plutôt fade

 

In the fade est un drame dramatiquement dramatique en trois actes inégaux qui, si ce n’est pour le jeu de Diane Kruger, fait plutôt penser à un direct to dvd mal rythmé. En même temps, à la croisée du revenge movie et du cinéma des frères Dardenne, pas étonnant que le film peine à trouver un juste milieux.

Prix de la meilleure performance mérité à Cannes pour Diane Kruger mais meilleur film étranger aux Golden Globes volé à Faute d’amour.

Attention, ce n’est pas pour autant un film opportuniste ou gratuit dans son sujet : les meurtres commis contre la communauté Turque en Allemagne par des néo-nazis sont malheureusement loins d’être une invention du réalisateur qui est aussi un des deux scénaristes, il connaissait même une des victimes.

Le problème étant que l’on se confronte, la situation initiale installée, à un drame judiciaire excessivement classique pour le genre, ce qui ne lui donne pas vraiment les moyens d’être pertinent ou particulièrement bien écrit, avant un dernier tiers aux allures de Western. Un final plaisant à suivre mais où l’on a l’impression d’embrayer sur un deuxième film aux enjeux radicalement différents. Coincé dans un souci de réalisme permanent, on aurait aimé que le réalisateur ose plus ou trouve un autre angle d’attaque qu’appliquer le principe de la loi de Murphy à son héroïne.

Le titre du film fait référence à une des chansons originale de sa bande son par le groupe Queens of the Stone Age. Bizarrement quand je repense à ma séance, c’est pas le rock californien qui m’a marqué.

In the fade se laisse emporter par son message pessimiste jusqu’à atteindre une sorte d’épure confinant à l’absurde, il cherche à transmettre l’immense frustration des victimes sans réussir à transcender son propos. Les néo-nazis sont des têtes à claques de première catégorie, la justice semble être une arnaque et Diane Kruger en écorchée vive ferait passer le plus déprimant des Ken Loach pour un inédit des Monty Python. Seule sa performance marque d’ailleurs, sans maquillage ou presque si ce n’est les tatouages qu’elle arbore, ex-junkie qui pensait avoir saisi sa deuxième chance mais qui se retrouve confronté au pire de l’humanité, son personnage farouche et blessé, sensible et fort, joue sur plusieurs tableaux tous réussi.

En misant tout sur son scénario plutôt médiocre, même si les sentiments qui le portent affleurent, et son excellent casting, In the fade reste en surface de tous les thèmes qu’il évoque, ne creusant que le chemin de croix de son héroïne face à l’injustice qui lui tombe dessus.