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Le Grill a aimé

Kingsman : le cercle d’or

Une nouvelle histoire de Q

Le délire bariolé de Matthew Vaughn nous avait emporté une première fois en 2015 avec ses gadgets à tout va, ses combats violemment délirants, son rythme effréné, son humour ravagé et son Colin Firth révélé en action man classieux. Kingsman le cercle d’or permet au réalisateur d’affronter une chose encore inouïe dans sa filmographie : une suite ! Fût-il motivé par le massacre de kick-ass 2 ou l’a t’il toujours mauvaise d’avoir été un temps pressenti pour réaliser Casino Royale ? Quelle qu’en soient les raisons, on les en remercie car une tranche de ciné comme ça, ça ne se refuse pas.

Elton John au casting est loin d’être le plus petit rôle du film. Comme souvent chez Vaughn, les personnages secondaires sont bien plus charismatiques que les principaux, et c’est pas Mark Strong qui me fera dire le contraire.

Attention cependant, Golden Circle se passe un an après Kingsman qu’il référence beaucoup. Sans souffrir de la maladie de l’épisode deux cachant un faux-remake, le film considère acquis certains événements du premier et s’il les cite à l’image, c’est souvent pour les détourner. Du fan service plutôt que de la fainéantise d’écriture, penchant à peu près deux fois sur trois plutôt du côté de la bonne idée que de la redondance. Reste que les amateurs de réalisme en seront pour leurs frais, ici la cohérence sert à taper sur les lois de la physique pendant que le bon goût hurle comme un mammifère marin accouchant d’une machine agricole. Sans être repoussant, le film se pare d’un trash revendiqué, d’une violence pop de chaque instant.

De son aîné, kingsman 2 a aussi peaufiné le délire visuel. Les plans osés reliés par des transitions bourrés de numérique permettent tous les excès à cette histoire peu subtile d’agents secret de dessin animé partant sauver des princesses et combattre des méchant(e)s sadiquement méchant(e)s. Un côté over-the-top que le film assume parfois plus que son spectateur, si le premier avait des allures de James Bond décomplexés, le deuxième fait parfois penser à un Austin Powers qui se prend au sérieux. Le scénario nanars à souhait n’aide d’ailleurs en rien, du genre à faire relativiser celui de Charlie Angels. Pas si étonnant que la greffe n’ait pas pris outre atlantique où il se tape un 4/10 de moyenne, ou alors c’est le portrait des américains en cowboys beaufs alcooliques qui ne passe pas, le doute subsiste.

 

Juliane Moore, déchaînée, souffre de la faiblesse d’écriture de vilain qui fait que le personnage est très présent au début contre nos héros puis revient à la fin sans faire grand chose entre…

On peut lui reprocher trop d’exposition de personnages pour pas en faire grand-chose (Jeff Bridges, grand sacrifié du métrage), une méchante charismatique mais bien moins impliquée dans l’action que ne l’était Samuel L. Jackson, une absence de vrai moment de gloire au niveau de la scène de l’église, mais certainement pas cette volonté toujours aussi jouissive de jouer avec les références, de se servir de son scénario prétexte pour accumuler les actions épiques et d’être généreux jusqu’au gavage en passages improbables.

Channing Tatum et Halle Berry sont bien plus présent dans la promo que dans le film, juste le temps de nous rappeler qu’Halle Berry a toujours une carrière.

Au final, on a une suite n’égalant jamais vraiment la surprise initiale, plombé entre autres par le choix douteux de revenir longtemps sur la convalescence d’un personnage alors qu’il en efface d’autres en un claquement de doigt et surtout parce qu’en se voulant toujours plus fou, il en devient plus long, moins équilibré. Reste que depuis 2015, je n’ai pas souvenir d’un délire aussi irrévérencieux, ouvertement fun et outrageusement drôle sur grand écran. Arrivé à (im)maturité, la saga kingsman promise à s’étendre en série télé et éventuellement un troisième film devra trouver à un moment où à un autre un équilibre. Elle ne pourra répéter ad nauseam sa formule capitalisant sur les références au premier et la nostalgie des vieux films d’agents secrets aux rebondissements improbables, même si rien ne nous empéche de nous marrer un bon coup maintenant.

J’espère juste qu’ils garderont Elton John, le cameo de l’année.

Matthew Vaugn n’est pas à une exubérance prêt, du coup on se prépare déjà mentalement à son remake de Flash Gordon.

Kingsman : le cercle d’or

  • Est
  • N'est pas
  • Moins bon que le premier, voilà, c'est dit
  • Le scénario de l'année, à côté Moonraker c'est Citizen Kane
  • Une parodie jouissive des films d'espionnages délirants d'il y a 30/40 ans
  • Trépidant de bout en bout, les vingt minutes de plus se font sentir
  • Dans un univers en pleine expansion
  • Pour ceux qui trouvent que les James Bond de Daniel Craig sont trop extravagants
  • Une maestria visuelle entre hystérie et coup de génie
  • Toujours pertinents, heureusement les gags s’enchaînent
On le mettra pas sur notre CV mais on est prêt à y retourner de suite ! / 20