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Festival de Cannes

Les cowboys

Western social

Film vu dans le cadre du 68ème festival de Cannes, critique à chaud  en sortant de la salle : ICI

L’histoire est celle d’Alain, père de famille et pilier d’une communauté de western country (en gros, ce sont des gens qui se réunissent tous les dimanches pour faire une fête, habillée façon conquête de l’ouest et avec un orchestre qui joue des vieux tubes made in Nashville) qui voit sa fille, Kelly, disparaître avec son petit ami, islamiste intégriste. À partir de  cet instant, sa vie ainsi que celle de sa femme et de son jeune fils, Kid, s’effondre. Avec l’aide de ce dernier, Alain va tout faire pour la retrouver.

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Les cowboys, ce sont eux: Deux hommes qui vont s’engager frénétiquement dans une quête sans fin qui les obligera à se confronter à une culture, à des individus, à des destins, qui leurs sont étrangers voire hostiles. Beaucoup penseront au chef-d’œuvre de John Ford, La prisonnière du désert et c’est normal car « les cowboys » peut être perçu comme sa relecture moderne, ou plutôt comme une croisée des genres qui est à mi-chemin entre le drame social et le western classique, dont il empreinte les codes.

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Même, la symbolique du fameux calumet de la paix, que fumaient les cowboys et les Indiens en signe de réconciliation, a été repris et modernisé , ce qu’il fait qu’ils fument du… Enfin, ils fument.

Je comprends largement que ce film rebutera ceux qui ne sont pas fans de ces deux genres (dont mon Fidèle compère Alcide), mais personnellement j’ai trouvé cela pas mal mais pas transcendant.

Déjà, tous ceux qui s’attendent à un grand film sur le Djihad en sortiront déçus car entre son tournage et sa présentation, il y a eu les évènements tragiques du 7 janvier et leur lot de reportages sur le sujet, ce qui fait que le traitement de cet aspect de l’intrigue apparaît, en comparaison, assez superficiel. Pour autant, l’autre versant du film, concentré sur cette quête familiale, fonctionne mais non sans heurts.

Bidegain la fait vivre de manière presque intemporelle. Le défilé des années qui passent se lit sur les visages des personnages, sur les objets utilisés par eux mais jamais aucune indication ne nous sera donnée sur la date ou la décennie précise. De tout façon, là ne semble pas être sa volonté car on sent qu’il veut filmer la beauté, la rudesse et le danger des longs voyages dont on ne connaît jamais ni la fin ni le lieu. Il le fait avec une certaine grâce dans sa mise en scène (et accompagné par une photo sublime), notamment dans le chapitre où l’on suit Kid arpenter l’Afghanistan, peut-être le plus réussi du film.

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Le problème c’est que lorsqu’on s’éloigne de la quête et que ces  deux cowboys regagnent leur famille pour des repos douloureux et de courte durée, c’est là que le film perd cruellement en intensité, accentuant la présence de longueurs inutiles, nous faisant sentir assez significativement que le rythme est parfois trop lent.

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Ce n’est pas parce que les Dardenne ont eu deux palmes d’or à Cannes, qu’il faut forcément reproduire ces gros plans, de plus d’une minute, sur les visages des personnages en mouvement. (Ah, je viens de lire qu’ils sont coproducteurs du film. Ok, tout s’explique.)

Mais, ce n’est pas l’écueil majeur de cette première œuvre car elle souffre d’un manque de profondeur dans l’écriture, notamment en ce qui concerne ses personnages. Par exemple, le personnage de François Damiens est vraiment l’archétype du beauf raciste. Alors, certes c’est voulu, mais c’est assez maladroit ; ce qui est vraiment frustrant car les acteurs qui les incarnent se donnent vraiment à fond, l’acteur belge en tête, qui sans totalement faire son tchao pantin, sort une performance assez forte qui lui vaudra (certainement) une nouvelle nomination aux Césars. Tandis que son partenaire de jeu, Finnegan Oldfield, bouleversant et déjà doté d’une maturité affolante, apparaît comme l’une des révélations de l’année.

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Les fans absolus des Dardenne et des westerns de John Ford adoreront, ses réfractaires resteront à quai. Mais moi, qui suis entre deux, je ne peux que tirer mon chapeau bas à Thomas Bidegain pour avoir voulu, dès son premier long métrage, insuffler un vent de fraicheur, en associant deux genres codifiés et radicalement opposés, même si le mariage souffre de défauts.

P.S: Je félicite aussi les producteurs, qui malgré les récents événements, ont eu le courage de maintenir la date de sortie.

Willard

Les cowboys

  • Est
  • N'est pas
  • Un film qui peut être perçu comme la relecture moderne de la prisonnière du désert de John Ford ou comme un mélange assez habile entre les codes du drame social et du western classique c’est au choix
  • Pour les détracteurs de western classique et de drame social
  • Une première œuvre assez ambitieuse
  • Un grand film sur le djihad
  • Brillamment interprété, notamment par Francois Damiens et la révélation Finnegan Oldfield ​
  • Très bien écrit : si la structure de l’intrigue , la plupart des péripéties et des rebondissements le sont, ce n’est pas le cas des personnages
  • Très bien photographié et assez bien mis en scène
  • Sans quelques grosses longueurs et un rythme globalement lent
Pas mal mais bon quand tu as vu, juste avant, Le Fils de Saul et Ni le ciel, Ni la terre, tu deviens forcément plus exigeant avec les premiers longs métrages / 20