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AnimationLe Grill a aimé

Le garçon et la bête

Homme-Ours-Porc

 

Le garçon et la bête est le nouveau film d’animation de Mamoru Hosoda, il est bon.

Quand on en vient à l’animation japonaise, il y a deux profils, ceux qui ne s’y intéressent pas parce que c’est de l’animation japonaise, et les mordus qui savent déjà de quoi je parle. Du coup la pertinence de cet article me paraît tenue…
Petit rappel quand même, Mamoru a commencé par diriger des films inclus dans des univers déjà existants, Digimon et One Piece (d’ailleurs son film One Piece, le sixième, est un véritable traumatisme, c’est l’esthétique de la série dans un mélange glauque entre un rythme à la Ghost in the Shell, une kermesse et une paralysie du sommeil) puis l’adaptation d’un roman : la traversée du temps.
C’est à partir de celui-là en 2006 qu’il a commencé à se forger un petit public dans l’hexagone, suivirent Summer Wars, Les Enfants Loups et enfin Le Garçon et la Bête.

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La salle bondée dans laquelle j’étais et la relativement bonne distribution du film (pour le genre) m’ont fait plaisir vu la qualité du bousin. Par contre pourquoi une affiche française aussi sobre pour un film aussi coloré ?

Ses films se passent toujours sur deux plans, le monde réel, contemporain, avec des éléments volontairement ancrés dans le quotidien (l’école, des rues célèbres de Tokyo, la famille de classe moyenne), et un monde imaginaire empli d’une symbolique traditionnelle. Dans Summer Wars et Digimon ces mondes fantastiques étaient technologiques, dans One Piece, les enfants loups et le Garçon et la Bêtes ces mondes s’approchaient des mythes et légendes japonaises. Deux univers miroirs l’un de l’autre où les épreuves traversées d’une part permettent de surmonter celles rencontrées de l’autre côté.

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La relation entre Kyuta et Kumataro, de même que l’écriture de la plupart des personnages, enterrent une bonne moitié de la production occidentale.

Le Garçon et la Bête est donc purement dans la continuité de ses précédents films, mais on voit une véritable évolution de son style, une meilleure maîtrise du rythme, de l’écriture, de l’excès. Par exemple dans Summer Wars on commence avec un jeune homme qui va passer ses vacances d’été dans la famille d’une amie, au bout d’une heure il se retrouve à essayer de gagner une partie de belote à l’aide d’une baleine géante contre un virus informatique pour éviter qu’une météorite lui tombe sur l’occiput, dans le Garçon et la Bête notre héros de neuf ans fugue de chez lui après la mort de sa mère, il arrive dans le monde des bêtes, l’une d’entre elles le prend sous son aile pour qu’il devienne son disciple, et une heure après on le voit devenir un adulte plus équilibré grâce aux enseignements de son mentor ce qui lui évite de se faire dévorer par la rancœur qu’il avait en lui. Vous voyez la différence ? C’est subtil, non ?

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Les défauts du film, pour être tatillon, tiennent à certains modèles 3D un peu visible (certains bâtiments surtout) et quelques éléments un peu trop explicités, et encore ça permet au jeune public de comprendre.

Mais le véritable tour de force que le Garçon et la Bête réussit à accomplir c’est de sonner parfaitement juste, que ce soit de sa représentation du déni du deuil par le jeune héros, sa relation avec la bête comme père de substitution où chacun va apprendre de l’autre pour le meilleur, ses personnages secondaires – une belle galerie de personnalités déjantées – ayant tous une évolution intéressante ne donnant jamais dans le manichéisme, sa réflexion sur l’intégration dans une société, celle des bêtes et la nôtre ; on est en présence d’un véritable conte moderne au sens premier du terme. Un récit initiatique puissant usant du merveilleux pour nous en dire beaucoup sur la réalité, notre réalité.

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Forcement on tente de nous vendre Mamoru Hosada comme « le nouveau Miyazaki », s’il est vrai que ses films plairont certainement aux fans du maître, il serait dommage de confondre ces deux créateurs qui ont chacun un style, un univers et des thèmes propres. Et tous les deux se font mettre minable par Satoshi Kon (j’assume et pas qu’un peu).

À cela on ajoute une animation d’une fluidité exceptionnelle, une direction artistique inspirée n’ayant rien à envier aux classiques de l’animation et une foule de passages forts ne tombant jamais dans le ridicule ou le niais (sauf peut-être quelques éléments de la toute fin où tout se combine un peu trop bien, seuls instants nous rappelant que nous somme devant un film pour enfant qui n’ose pas le drame Shakespearien). Du coup je conseille fort ce film, le meilleur de l’animation japonaise depuis quelques années, du style à faire changer d’avis les plus réfractaires au genre ou à simplement offrir un excellent moment.

Le garçon et la bête

  • Est
  • N'est pas
  • Un récit d’apprentissage maitrisé sous la forme d’un conte moderne
  • Qu’un conte de fée, les questions du deuil, de l’intégration sociale, du passage à l’âge adulte sont abordée
  • Une relation forte et chargée en émotion entre les deux protagonistes
  • Un film d’animation qui va mettre ton cerveau en vrac pendant une semaine façon Evangelion
  • Un design et une animation bien au-dessus des standards du genre
  • Un film qui prend les gamins pour des idiots, il s’adresse à tous les âges
  • Le meilleur Mamoru Hosada, le plus maitrisé, le plus prenant
  • Vraiment un film à aller voir pour le côté arts martiaux/baston
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