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Festival de Cannes

Festival de Cannes: Jour 3

Rien de tel en guise de petit déjeuner que de retracer la lutte des militants d’Act Up avec « 120 Battements par minute». Si la presse a été subjuguée par le nouveau de film de Robin Campillo et que toute la croisette en parle comme d’une palme d’or potentielle,  je pense être passé totalement à côté du film. A l’heure où j’écris ces quelques lignes, je le trouve même à moitié raté. Je ne nie pas qu’il soit pétri de qualités : la réalisation a de grands moments de grâce, ses acteurs jouent à la perfection et son sujet passionne mais sa plongée dans les années sida est plombée par l’importance qu’il donne à ce dernier. Je ne dis pas qu’il ne fallait pas lui en donner mais là il prédomine trop sur l’histoire et la construction des personnages. Impossible dans ces conditions de m’identifier ou même d’avoir de l’empathie pour eux à tel point que je suis resté de glace à chaque scène un tant soit peu émouvante. Pourtant, je reconnais que plusieurs heures après sa projection, je continue à penser au film. Dans mon cas, c’est souvent une bonne chose et il y a de fortes chances que j’aille le revoir le jour de sa sortie en salle.

Ensuite, toujours en compétition, j’enchaîne avec le nouveau film du suédois Ruben Östlund. Au travers du quotidien d’un conservateur de musée égocentrique préparant sa nouvelle exposition,« The square » distille une réflexion fascinante sur l’art et l’individualisme dans notre société. Si dit comme ça, on n’est pas loin du film d’auteur chiant et que la première demi-heure est extrêmement poussive, il se révèle être totalement absurde, drôle, très libre de ton et incroyablement intelligent dans son traitement. D’ailleurs, beaucoup de festivaliers l’ont comparé à Toni Erdmann et si je vois des points communs entre les deux oeuvres, les comparer réduirait considérablement leur impact. « The Square» n’est pas une pâle copie du film de Maren Ade, il a vraie patte d’auteur. Le style cynique d’Östlund ainsi que sa capacité à composer des plans fixes d’une beauté saisissante font de « The Square » une œuvre à part qui m’a vraiment séduit. Et, je pense très sincèrement que c’est un prétendant plus que crédible au prix du scénario.

Puis, j’ai décidé de conclure ma journée en rattrapant deux films d’ouverture de sélections parallèles. J’ai commencé par celui d’un certain regard : « Barbara » de Mathieu Almaric. Alors soyons clairs, ce n’est pas un biopic stricto sensu de la chanteuse française. En fait, il dépeint les relations entre un réalisateur accompli et une actrice sur le tournage d’un film consacré à l’interprète de L’aigle Noir. Sur le papier, cette mise en abyme semble enthousiasmante mais plus le film avance, plus l’acteur réalisateur français se perd dans son dispositif au point que la dernière demi-heure est extrêmement confuse. Reste, une réalisation bourrée de bonnes idées et une Jeanne Balibar impériale qui arrive à sauver un peu l’ensemble.

Le second se nomme « Un beau soleil intérieur » qui a ouvert la quinzaine des réalisateurs, jeudi dernier. Dans cette adaptation de « Fragments d’un discours amoureux » de Roland Barthes (comme quoi tout arrive dans la vie), Juliette Binoche y incarne une mère divorcée qui part à la recherche de l’homme idéal. Que dire, si ce n’est que l’actrice française rayonne de mille feux dans le rôle principal. Pour le reste, on assiste à une succession de scénettes très inégales. Ce n’est pas déplaisant à suivre mais, malgré un final en apothéose où l’on assiste à un échange surréaliste entre Juliette Binoche et Gérard Depardieu, le film ne marquera pas les esprits.