Loading...
Le Grill a aimé avec réserves

Joker : la polémique

Notre avis sur le film se trouve ici.

Aux USA, le film est sous le feu des critiques car il a pour personnage principal un tueur psychopathe qu’il “glorifierait”. De notre point de vue, oui Joker est l’étude d’une personnalité malade qui va devenir le criminel que l’on connaît dans les comics depuis maintenant 80 ans et c’est vrai que le personnage du Joker fait, et fera, écho à la tuerie d’Aurora aux Etats-Unis où un homme a ouvert le feu dans un cinéma projetant The Dark Knight (la police a toutefois déclaré que le choix de la projection était un hasard), après il faut temporiser :

Le film vise à nous faire ressentir de l’empathie pour son personnage principal inspiré par le véritable parcours de tueurs mais il présente ses actes criminels tel quels, avec une tension et un malaise bien présent pendant ces séquences, et sont bien montrés ou fortement suggérés les différents éléments qui ont enfermé Arthur Fleck dans sa folie (l’absence d’encadrement médical, un passif lourd, un patron abusif et des vexations permanentes, une criminalité explosive, des conditions de vie insalubres, bref, le JT de TF1). En se revendiquant de Taxi Driver, Todd Phillips inscrit clairement sa démarche dans une tradition de récits réalistes suivants un personnages amoral, ou ambigu. C’est casse-gueule et nécéssite que le public comprenne que non, pour une fois (et c’est pas la seule) le personnage principal ne porte pas des valeurs positives, mais que ce n’est pas pour autant qu’il est inhumain.

En tout cas, cette polémique n’a pas empéché Joker de gagner 300 millions de dollars sur son premier week-end d’exploitation.

On peut aussi remarquer que cette polémique était absente à la sortie de Suicide Squad (de toute façon trop peu consistant que pour faire réfléchir qui que ce soit) ou même de A Beautiful Day de Lynne Ramsay où Joachim Phoenix joue pourtant également un sociopathe meurtrier avec des bouffées délirantes présenté comme le personnage central du film. Le “risque” médiatisé issu de ce film est en fait double, premièrement que des enfants fans de Batman soient choqués par le propos brut et violent de Joker (sans parler du rythme lent de ce film peu verbeux). On rappellera que Joker est interdit au moins de 17 ans aux USA (rated R) et moins de 12 en France et même si la maturité n’est pas qu’une affaire d’âge, il est clair que le film s’adresse à un public éclairé, capable d’avoir du recul sur ce qu’il voit. Aucune coupe n’a été faite pour que le film devienne tout public (ou PG-13, interdit au moins de 13 ans non accompagnés aux USA), contrairement à Venom qui a visé la classification PG-13 ou le dernier Die Hard qui a été remonté pour être classé tout public : Joker assume pleinement être destiné à une audience adulte.

Enfin, le personnage du Joker, surtout la version de Nolan, est devenu un même internet, souvent couplé à la phrase “We live in a society”, qui, comme souvent toujours, a dégénéré de blague au 30ème degré en revendication anarchiste/extrême droite en passant par de simples trolls pour être attachés aux “Incels” (CELibataires INvolontaires), néologisme désignant un cliché d’ado/jeune adulte asocial vivant en marge de la société contre laquelle ils nourrissent un vif ressentiment doublé d’une désensibilisation à la violence due aux jeux vidéos et au cinéma, bref des futurs tueurs de masses. Le film Joker étant donc considéré comme un détonateur potentiel pour des tueries comme Aurora… On se contentera de signaler que le personnage incarné par Joachim Phoenix n’est pas un adolescent d’aujourd’hui passant son temps sur 4chan dans la mesure où c’est un adulte plutôt déshinibé des années 80 ayant un job et rêvant de faire du stand up.

Bref, potentiel coup marketing doublé d’une réaction excessive, principalement américaine, par une audience qui n’a pas vu le film, voilà la polémique qui entoure Joker et l’on trouve assez rassurant, considérant le démarrage canon du film, qu’un public fourni cherche à se faire sa propre idée.

On vous laisse sur l’avis du réalisateur Michael Moore relayé par Première.