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Et la tête du monsieur elle fait SPLASH ! (les films d'Horreur)Le Grill a aimé

Halloween

Attention Laurie, ça va couper

11ème (oh la vache) épisode de la franchise, Halloween fête en fanfare les 40 ans de la série, et s’il ne propose pas grand-chose de neuf, il prouve que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures slasher. Si vous n’avez rien contre la prise de risque 0, ce jubilé du genre aura largement de quoi vous séduire.

Cet Halloween n’est ni un reboot de la série, ni même le retour de Jamie Lee Curtis qui a déjà eu lieu dans H20 à l’occasion des 20 ans de la franchise. 

Halloween constitue ce qui s’appelle à Hollywood un « Soft reboot », c’est-à-dire une simili-suite – le film ignore les épisodes 2 à 8 et les deux prequels/reboot de Rob Zombie mais ne se passe pas non plus tout à fait après le premier épisode car il en modifie le dénouement – et un remake de l’original qui ne dit pas son nom. Un peu comme The Predator, Jurassic World ou Ocean’s Eight qui reprennent quasiment à l’identique des scènes et éléments des premiers opus de leurs franchises respectives (Halloween 1 et 2 dans le cas présent). Toutefois plusieurs bonnes idées viennent heureusement épaissir le récit pas bien recherché de la folie meurtrière de Michael Myers.

The shape, Michael Myers, le boogeyman, John Carpenter voulait créer une figure du mal absolu caché sous des traits humains. Dommage que cette version du personnage ne fasse pas une fixation sur Laurie comme dans le premier épisode, il devient juste une machine à transformer les gens en apéricubes.

Le film a le bon goût de débuter avec une enquête de deux journalistes qui souhaitent revenir sur les meurtres ayant frappé la petite ville d’Haddonfield, permettant d’efficacement planter le décor pour ceux qui découvrent la saga et de lancer son grand thème d’opposer The Shape à Laurie Strode, une Jamie Lee Curtis encore traumatisée et survivaliste incarnant une fée carabine de folie. Quelques ficelles pas subtiles à souhait structurent le récit mais on ne va pas se plaindre, le scénario tient à peu près la route, c’est bien là l’essentiel. Si l’original adoptait, par manque de budget surtout, un style « slow burn », c’est-à-dire une grosse heure très tranquille avant de tout balancer dans ses dernières vingt minutes, l’Halloween de 2018 va au contraire démarrer très fort puis accélérer. Le bodycount de Michael Myers sera sacrément énervé, une tuerie parsemée de très bonnes scènes pour le genre. On notera avec plaisir un plan-séquence qui a vraiment tout compris à l’essence de la saga (l’horreur qui vient te chercher à domicile, dans l’environnement rassurant d’une banlieue sans histoire). Ne vous y trompez pas toutefois, en boostant le rythme, en iconisant son tueur et en répétant avec des variantes certaines scènes culte, même si c’est parfois bien senti en se transformant en jeu sur nos attentes, Halloween 2018 s’interdit de facto de tutoyer le mythe fondateur de 1978. Un des rares films (avec Cannibal Holocaust, Blair Witch et La nuit des morts vivants peut être) à avoir généré un sous-genre entier du cinéma d’exploitation, au point de paraître vidé de sa substance au revisionnage tellement il a été copié, parodié, pillé.

Le film a parfois presque trop conscient du fait qu’il reprend tous les éléments du film de Carpenter, ainsi Laurie dira “C’est vous le nouveau docteur Loomis ?” (psychiatre de Michael Myers, incarné par Donald Pleasence puis Malcolm McDowell dans les reboots) en rencontrant le personnage incarné par Haluk Bilginer. Immense acteur turc et rôle principal de la palme d’or Winter Sleep, autrement dit, un casting improbable.

On ne voyait pourtant pas spécialement David Gordon Green aux commandes, ayant commencé comme protégé de Terrence Malick avant de faire des comédies grasses puis des drames comme le plutôt sympa Joe avec un Nicolas Cage impeccable, ce qui lui arrive une fois tous les dix ans, aidé ici par le scénariste Danny McBride avec qui il avait travaillé sur Votre Majesté (inconnu au bataillon, le Time l’a nommé comme un des pires films de 2011) : comment dire qu’on n’y croyait pas une seule seconde à ce Halloween 2018. Finalement, il nous offre un melting-pot du meilleur du genre, respectant à la lettre certains codes comme l’inarrêtable tueur qui se déplace en marchant mais qui finit toujours par rattraper ses victimes, la survival-girl aux choix parfois complètement cons perfectibles, tout en apportant une pointe de dérision au détour de quelques répliques sans jamais tomber dans la parodie. Un aspect assez inédit de la saga si on exclut les remakes de Rob Zombie. Rien qui ne dissipe toutefois nos craintes sur les suites déjà en chantier (10 millions de budget et 100 millions au box-office à l’heure où j’écris ses lignes, préparez-vous à bouffer deux Halloween de plus minimum).

La scène d’ouverture est une des plus intéressantes du film, mais bon, si tu veux de l’horreur bien pensée, c’est Ghostland et surtout Hérédité qu’il ne faut pas louper cette année.

Parfait « petit » film pour le 31 au soir, plus équilibré que The Predator, plus intéressant que le remake de Freddy les griffes de la nuit de 2010, il fera frissonner à peu de frais les nouveaux venus et mettra un chaleureux sentiment nostalgique dans l’œil du cinéphile qui retrouvera deux icônes de cinéma dans une énième valse mortelle sur la nouvelle partition diablement rock de big John. Plaisir que l’on sait un peu coupable, mais plaisir quand même.

Halloween

  • Est
  • N'est pas
  • Loin derrière l'original mais devant le reste de la franchise
  • Original, son absence d'ambition peut irriter
  • Un hommage rythmé et réussi aux Slashers
  • Toujours très clair, certains passages sont brouillons
  • Le retour en grande forme de Jamie Lee Curtis
  • Dans le style hystérique des Conjuring&cie, tant mieux
  • Pourvus de quelques bonnes idées de mise en scène
  • Un vrai bon film, mais c'est du plaisir brut pour les fans
Classique mais efficace / 20